Academia.eduAcademia.edu
to Pupienus, Londres, 1938. Scapula 1981 = J. Scapula, Un Haut Lieu Archéologique de la Haute Vallée de la Seine : La Butte d’Isle-Aumont en Champagne. Première partie : Du néolithique au carolingien, Troyes. Schaad 1992 = D. Schaad (éd.), Le trésor d’Eauze, Toulouse. Schulze-Dörrlamm 1999 = M. SchulzeDörrlamm, Münzfibeln der Karolingerzeit, Archäologisches Korrespondenzblatt 29, p. 271-288. Thirion 1968 = M. Thirion, Les monnaies d’Élagabale (218-222), Bruxelles  Amsterdam (Numismatic Pocket, 5). Guillaume Teichmann * – La fibule cruciforme de l’atelier de ﬈essalonique sous la dynastie valentinienne 21 Nous voudrions attirer l’attention par le présent article sur un détail iconographique, passé inaperçu de tous, qui concerne le monnayage émis par les Valentiniens dans l’atelier de ﬈essalonique. Le point de départ porte sur un aes 3 faisant partie de notre collection et qui se décrit comme suit : Valentinien I, ﬈essalonique, 364-375 DNVALENTINI /ANVSPFAVG Buste diadémé de perles à dr., cuirasse et paludamentum. Sur l’épaule dr., une fibule cruciforme à extrémité et branches bouletées, placée la tête vers le bas. GLORIARO /MANORVM ნ/Γ/TES L’empereur en habit militaire marchant à dr., la tête à g., traînant un captif et tenant un labarum. Aes 3 (bronze au 1/132ème de livre) : 3,15 g – ! – 19/16 mm (fig. 1). ric – cf 16/26(a), marque xvii (ric 0). On distingue sur certains bustes d’aes 3 de la période valentinienne, aux légendes de revers GLORIA ROMANORVM et SECVRITAS REIPVBLICAE, une fibule cruciforme, disposée la tête vers le bas, doublant la fibule classique qui orne et ferme le manteau impérial. Cette particularité, reconnue à ce jour pour le seul atelier de ﬈essalonique, n’est pas décrite par J.W.E. Pearce dans le neuvième volume du Roman Imperial Coinage [1] ni par d’autres auteurs à sa suite. Elle est identifiée pour les trois coempereurs régnant à partir de 364-367, Valentinien Ier comme nous l’avons vu (fig. 1), mais également Valens (fig. 2) et Gratien (fig. 3) : 22 Valens, ﬈essalonique, 367-375 DNVALEN /SPFAVGAVG Fig. 1 __________ * Tous mes remerciements à G. Depeyrot pour ses encouragements, à Myriam pour son soutien et à David Berthod pour son énorme travail d’élaboration de la database NVMMVS BIBLE, un outil indispensable et une aide précieuse pour toute recherche numismatique sur la période : www.nummus-bible-database.com/ Site internet : collection-valentinien.ier.overblog.com/ 262 Même buste que ci-dessus. GLORIARO /MANORVM Γ/TES Même type que ci-dessus. Aes 3 : poids inconnu – 8. ნ/ნ sur ric 26 b (C), marque xvii ; source : nbii database (fig. 2). __________ [1] J.W.E. Pearce, ﬈e Roman Imperial Coinage, ix, Valentinian I to ﬈eodosius, Londres, 1951. BCEN vol. 51 no 2, 2014 On connaît d’ailleurs un certain nombre de ces exemplaires prestigieux portant des dédicaces impériales, telle celle découverte vers 1958 à Niederemmel (Krs. Bernkastel-Wittlich, D, fig. 4) qui porte les noms de Constantin Ier et de Licinius Ier et qui peut être datée avec précision de 315/316 apr. J.-C. [4]. Fig. 2 25 Gratien, ﬈essalonique, 367-375 DNGRATIANVSPFAVG Même buste que ci-dessus. SECVRITAS /REIPVBLICAE Γ/ნ/TES ნ sur Victoire marchant à g., tenant une couronne et une palme. Aes 3 : poids inconnu – !. ric 27 c (S), marque xvii ; source : nbii database (fig. 3). Fig. 3 Il s’agit d’une des premières représentations figurée d’un type de fibule tardif dit « cruciforme » ou « en arbalète », qui apparaît dans la seconde moitié du iiie siècle et presque toujours associé à l’armée. De nombreux exemplaires ont été retrouvés dans des cimetières militaires et elle semble avoir été très répandue parmi les officiers et les fonctionnaires civils de haut rang [2]. Son utilité pratique, servant d’attache à une chlamyde ou à un paludamentum, se double assurément, dans certains cas spécifiques, d’une valeur honorifique pour les plus beaux spécimens rencontrés : des fibules en or figurent déjà parmi les insignes impériaux dès le iiie s. [3]. 23 24 __________ [2] Ph. Velay (dir.), Les bronzes antiques de Paris, Paris, 1989, p. 182. [3] A. Alföldi, Die monarchische Repräsentation im römischen Kaiserreiche, Darmstadt, 1980, p. 183. BCEN vol. 51 no 2, 2014 Une magnifique fibule en tôle d’or retrouvée dans la Seine à Paris (fig. 5) est contemporaine des monnaies que nous présentons. Alors que les fibules de bronze et de bronze doré étaient courantes dans tout l’Empire romain, aucun autre exemple en tôle d’or n’est connu en région parisienne. Ce bijou exceptionnel est décoré sur le pied d’un motif de volutes en relief et sur l’arc d’une fine frise gravée. L’une des particularités du décor est la présence de trois petits médaillons, ornés chacun d’un buste de personnage, le plus important étant placé à l’extrémité du pied. Il est probable que ces visages s’identifient à ceux de l’empereur (peut-être Valentinien Ier, présent à Paris en 366-367) et de ses fils, Valens et Gratien. Les médaillons sont incrustés d’une sorte de nielle (couche noire permettant de mieux faire apparaître le décor gravé). Cet objet devait sans doute appartenir à l’un des plus importants notables du Paris antique ou à un visiteur étranger de très haut rang [5]. 26 Un autre exemple tout aussi prestigieux est visible sur le diptyque consulaire de Stilicon daté de 400, où une fibule de ce __________ [4] Trier Kaiserresidenz und Bischofssitz. Die Stadt in spätantiker und frühchristlicher Zeit, Mayence, 1984, p. 114 et fig. 31g, p. 113. [5] Musée Carnavalet – Histoire de Paris : www. carnavalet.paris.fr/fr/collections/fibule-cruciforme-gallo-romaine. Si l’on sait que l’empereur Valentinien a séjourné à Lutèce vers 366-367, il convient de ne pas spéculer ni faire de lien entre l’origine de cette fibule et cette étape. 263 type vient agrafer sur l’épaule la chlamyde portée au-dessus d’une tunica manicata (fig. 6a et 6b). Le dernier exemple (fig. 7) est beaucoup plus modeste : la stèle du signifer (porteenseigne) Lepontius du musée de Strasbourg, datée de la fin du ive s., montre également que cet attribut vestimentaire n’était pas seulement réservé à l’élite du corps militaire [6]. 27 La fibule figurant sur les bustes des monnaies valentiniennes de ﬈essalonique appartient à un modèle bien répertorié, le type Keller / Pröttel 3/4B, qui semble avoir une origine exclusivement pannonienne [7]. Leur production est comprise entre les années 360 et 415 apr. J.-C. [8]. 28 29 l’on situe de 367 à 375 et qui suit pour Valentinien et Valens le ric 16 (364/ 367). Associé au revers SECVRITAS REIPVBLICAE, seul le ric 27 (et 32 ?) est recensé pour les mêmes dates [9]. 30 La marque xxxix des numéros 31 et 32 du ric appartiendrait déjà, selon la note correspondante, à la période de l’élévation de Valentinien II après la mort de Valentinien Ier (après 375) ceci sur la foi d’un seul exemplaire de Valentinien II du type SECVRITAS REIPVBLICAE où ce différent d’émission est présent [10]. 31 Signalons par ailleurs le nombre important de types manquants au ric [11] parmi ce groupe de bustes à fibule cruciforme, qui sont toutes des marques d’émission non répertoriées ou déjà connues mais associées à des officines inhabituelles, reflétant le petit volume respectif de ces émissions. 32 En dressant l’inventaire des monnaies de la période valentinienne où cette fibule est présente dans la base de données nvmmvs bible ii, nous avons rapidement constaté qu’elle apparaît exclusivement sur le numéraire émis à ﬈essalonique. L’exergue du revers porte alors systématiquement la signature TES avec l’indication de l’officine dans le champ, à la différence des émissions pour lesquelles l’officine est indiquée à la fin de l’exergue. Associé au revers GLORIA ROMANORVM, il s’agit donc pour les trois empereurs du ric 26 (et 31 ?) (de la marque viii à la marque xxxix), que Sur les monnaies de ﬈essalonique, on distingue clairement la classique fibule impériale ronde à pendilla qui sert d’attache au paludamentum, mais aussi la fameuse fibule cruciforme, placée un peu plus haut (fig. 9). Il faut vite renoncer à voir dans cette particularité de gravure la commémoration d’un événement de règne ou d’un fait militaire, ne serait-ce qu’en raison du nombre d’émissions et de différents concernés [12]. __________ [6] J.-J. Hatt, Sculptures antiques régionales, Musée archéologique de Strasbourg, Paris, Éditions des Musées nationaux, 1964, no 202. [7] E. Keller, Die spätrömische Grabﬔnden in Südbayern, Munich, 1971 (Münchner Beiträge zur Vor- und Frühgeschichte 14) ; P. Pröttel, Zur chronologie der Zwiebelknopffibeln, Jahrbuch rgzm, 35, 1, 1988, p. 347-372. [8] M. Kasprzyk, Les fibules romaines du BasEmpire du musée Rolin, Mémoires de la Société Éduenne, lvii, 1, 2005 (2006), p. 915 et plus particulièrement p. 12 ; E. Swift, Personal Ornaments, in L. Allason-Jones (ed.), Artefacts in Roman Britain: their purpose and use, Cambridge, 2011, p. 113. __________ [9] Pour voir le détail des marques d’émission viii à xxxix des deux séries SECVRITAS REIPVBLICAE et GLORIA ROMANORVM, se reporter au ric ix, p. 169-172. [10] ric ix, p. 172. [11] Noté « ric 0 » par la suite. [12] Nous utilisons le mot « différent » dans le même sens que J.-P. Callu, Aspects du quadrimestre monétaire, Mélanges de l’École française de Rome 98, no 1, 1986, p. 167-168, pour décrire « tout sigle combinant de façon plus ou moins complète l’indication de l’atelier, de l’officine et de l’émission ». Autant de différents, autant d’ensembles monétaires distincts. 264 33 BCEN vol. 51 no 2, 2014 Fig. 4 – Fibule en or de Niederemmel, datée de 315/316 et portant des dédicaces aux noms de Constantin et Licinius (d’après Trier Kaiserresidenz und Bischofssitz, fig. 31g, p. 113) Fig. 5 – Fibule en tôle d’or (21,8 g) à décor gravé et niellé provenant du lit de la Seine (rive gauche) à Paris. Seconde moitié du ive s. (Musée Carnavalet) Fig. 6 – Le diptyque dit « de Stilicon » (trésor de la cathédrale de Monza, It.) Fig. 7 – Stèle de Strasbourg (d’après Hatt 1964, no 202) Fig. 8 – Quelques fibules cruciformes du type Keller 3.4b (d’après Mackreth 2011) [13] 34 __________ [13] D. Mackreth, Brooches in Late Iron Age and Roman Britain, Oxford, 2011. BCEN vol. 51 no 2, 2014 265 Buste diadémé (perles), cuirassé et drapé à dr. Le paludamentum est fixé à l’aide d’une fibule circulaire à pendilla. GLORIARO/MANORVM V/ნ sur Γ/TES L’empereur marchant à dr., comme cidessus. Aes 3 : 3,12 g – .. ric 16(a)/26(a), marque xxxviii ; coll. de l’auteur. Fig. 9 – Détail de la fibule cruciforme d’après l’exemplaire de la fig. 1 En revanche, cette fibule, présente sans exception sur tous les exemplaires de Gratien que nous avons pu examiner, offre peut-être un marqueur temporel intéressant pour un monnayage qui en manque cruellement. Constat paradoxal quand on sait que le monnayage de la période valentinienne se caractérise par une multiplicité de marques d’émission. Mais leur classement chronologique relatif est ardu, (les iconographies de revers évoluent peu), et quant à les dater précisément, le ric y renonce, restant prudemment dans une fourchette très large de 364 à 375. J.-P. Callu explique le caractère pléthorique de ce découpage, qui concerne parfois de très petits volumes d’émission, par une volonté d’hyper contrôle de la masse monétaire mise en circulation [14]. 35 Fig. 10 Valentinien I, ﬈essalonique, 375-378 DNVALENTINI /ANVSPFAVG __________ [14] J.-P. Callu, loc. cit. 266 Il est significatif pour l’auteur qu’il concerne en tout premier lieu l’atelier de Siscia, principal pourvoyeur des troupes stationnées le long du limes danubien. La base reste traditionnellement quadrimestrielle calquée sur la levée de l’annone, payable par tiers depuis 366 et de plus en plus en numéraire [15]. Et selon P. Petit, « le premier quadrimestre de l’annone se situait après les récoltes, en septembre, l’année monétaire commençait en janvier, décalage qui permettait d’éventuelles refrappes » [16]. 36 37 Un système plus souple mais aussi plus complexe s’instaure sous Valentinien Ier, destiné à réguler au plus près les sorties de numéraire et juguler, autant que faire se peut, les dérives inflationnistes. J.-P. __________ [15] L’adaeratio est la possibilité laissée au contribuable de payer l’annone quadrimestrielle jusque là payée en nature (ou tout autre service, prestation, même la fourniture d’une recrue pour l’armée par des propriétaires fonciers) en partie en numéraire. Cette pratique se développe beaucoup au ive siècle, ce qui démontre la vitalité de l’économie monétaire malgré l’inflation galopante. Les barèmes permettant la conversion étaient revus régulièrement sous Valentinien, car auparavant cette pratique avait donné lieu à beaucoup d’abus et de spéculation. J.-P. Callu en parle car depuis son adoption assez large, l’adaeratio fait rentrer une importante quantité de numéraire tous les quadrimestres (et expliquerait la base quadrimestrielle des marques d’émission se calquant sur le paiement de l’annone). [16] P. Petit, Le Bas-Empire, Paris, Seuil, 1974, p. 160-167. BCEN vol. 51 no 2, 2014 Callu indique par ailleurs que ﬈essalonique aurait servi d’atelier auxiliaire à celui de Siscia et que ce couplage permettait une réactivité plus grande aux exigences fluctuantes des dépenses militaires. De ce point de vue, Siscia et ﬈essalonique partagent très logiquement cette caractéristique des multiples marques d’émission. Malade et soucieux d’assurer sa succession, Valentinien Ier fait proclamer auguste, en 367, son fils Gratien alors âgé de 8 ans, sans le faire passer par le césarat. Tous les différents présents sur les monnaies de Valentinien et de Valens associés à cette fibule sont donc contemporains ou postérieurs à cette date. Fautil l’interpréter comme un différent à part entière signant des émissions spéciales venues compléter d’autres séries ? Probablement pas, même si l’hypothèse ne doit pas être totalement exclue. Reste que la présence de cet attribut pourrait à l’avenir permettre de dater de nouvelles marques d’émission encore non répertoriées, pour peu qu’on prenne le temps de les repérer et de les classer. Répartition des monnaies « avec fibules » pour les deux types SECVRITAS REIPVBLICAE (SR ) et GLORIA ROROMANORVM (GR ) Valentinien I Revers SR : 3/19 dont 2 ric 0 Revers GR : 12/26 dont 5 ric 0 Valens Revers SR : 5/30 dont 2 ric 0 Revers GR : 4/51 pas de ric 0 Gratien Revers SR : 5/5 dont 2 ric 0 Revers GR : 17/17 dont 1 ric 0 Si nous faisons le total par revers des marques rencontrées pour les trois empereurs : BCEN vol. 51 no 2, 2014 ■ ■ SECVRITAS REIPVBLICAE GLORIA ROMANORVM 0 2 4 6 8 10 viii xv xvi xvii xx xxi xxv xxvi xxvii xxviii xxix xxxii xxxv xxxvii xxxviii Fig. 11 A B Fig. 12 – A : Buste traditionnel de la première période (364-367) – B : Buste à la fibule cruciforme à partir de 367 ■ Total ■ Avec fibule ■ ric 0 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Valentinien I Valens Gratien Fig. 13 – Répartition quantitative des types monétaires de ﬈essalonique présentant une fibule cruciforme sur le buste impérial 267 Sur la base de cette répartition, on peut noter deux groupes d’émission au «buste à la fibule cruciforme » très représentés et pourtant éloignés dans le temps si l’on suit la classification actuelle du ric (marques xvii-xxi et xxxii-xxxviii). Entre ces deux groupes, il existe plusieurs marques d’émission où cette fibule paraît absente. Ce détail de gravure pourrait, si l’on disposait de séries complètes rassemblant tous les différents recensés [17], permettre de rapprocher entre elles certaines émissions. En faisant de la fibule cruciforme un « marqueur » que nous supposerions présent dans un laps de temps plus ou moins court et sans interruption, deux groupes individualisables (avec ou sans fibule cruciforme) apparaîtraient et on pourrait alors tester la cohérence du résultat en le comparant à l’actuel classement retenu par le ric. J.W.E. Pearce reconnaît d’ailleurs dans son introduction chronologique que ce classement pourrait être affiné [18], l’ordre alphabétique des lettres des marques d’émission ne paraissant pas avoir été respecté dans certains cas. Des solidi de Valens et de Valentinien Ier au revers VICTORIA AVGG (ric 4) présentent aussi des bustes agrémentés de cette fibule cruciforme. Actuellement considérés comme émis en 364/367, leur datation pourrait se limiter à la seule année 367 par ce détail iconographique. 38 39 En conclusion, la fibule cruciforme apparaît de façon très éphémère et exclusivement à ﬈essalonique sur les bustes impériaux dès les premières émissions qui célèbrent l’élévation de Gratien en tant qu’auguste en 367. Il importe maintenant de disposer de séries plus complètes afin de mieux cerner la signification de ce détail de prime abord assez __________ [17] Ce qui n’est pas encore le cas ! Plusieurs sont encore manquants dans la base nvmmvs bible ii, la plus complète disponible à ce jour. [18] ric ix, p. 164. 268 insignifiant et d’y voir de façon certaine autre chose qu’une aimable fantaisie de graveur. Son analyse permettra peutêtre d’apporter un argument supplémentaire dans la chronologie relative de certaines émissions. À ce jour, près d’une cinquantaine de monnaies déjà recensées révèlent cette curieuse variante vestimentaire que personne n’avait encore relevée. Nous regardons beaucoup nos monnaies, mais les voyons-nous vraiment ? RECENSIONS Stéphane Hiland & Christophe Oliva, Le règne de l’empereur Probus (276-282 apr. J.-C.). Histoire et numismatique, Mornas, Éditions III Monetae, 2013, a4, 164 p., isbn 978-2-9546517-0-5 – ₫39 D e prime abord, l’ouvrage de st. Hiland et Chr. Oliva déroute quelque peu le lecteur. Quel sens donner, au xxie s., à un classement strictement alphabétique des revers – à la Cohen, dirions-nous – portant sur un monnayage remarquablement étudié depuis près d’un siècle ? D’autant que la structure méthodique du monnayage de billon de Probus a toujours constitué le modèle du classement par émission. En effet, les huit ateliers impériaux (Antioche, Tripolis, Cyzique, Serdica, Siscia, Ticinum, Rome et Lyon) appliquent généralement une marque d’atelier, souvent l’initiale de la ville, un sigle d’émission et la mention de l’officine. Tous ceux qui ont l’habitude de fréquenter le riche monnayage de cet empereur connaissent la difficulté de trouver une référence spécifique étant donné la multiplicité des types proches, et surtout de les dater avec précision sans passer un temps considérable à consulter une bibliographie souvent très ancienne. Le problème est d’autant plus complexe lorsqu’il s’agit de monnaies de sites, dont l’état de conservation laisse à désirer et dont les critères stylistiques n’apparaissent pas de façon immédiate à ceux qui ne sont pas spécialisés dans ce monnayage. BCEN vol. 51 no 2, 2014